No et moi de Delphine de Vigan est un roman qui a cette rare finesse qui émue. Ne demander pas à quelqu'un pourquoi il a aimé ce livre ; l'auteure en fait une affaire personnelle avec chaque lecteur. Ce livre, j'en ai fait une affaire personnelle, une affaire qui me tient à cœur. No et moi reflète la triste réalité que nous nous cachons quotidiennement : celle de la pauvreté et de la précarité dans la rue. Qui n'a jamais pensé aider quelqu'un dans le besoin ? Mais, très vite, notre vie reprend sa route et nous n'y pensons plus. Ce roman pousse à réfléchir et à se poser des questions sur notre société d'aujourd'hui. Une claque, une deuxième, une troisième. Nous prenons conscience que vivre dans la rue est difficile, éprouvant tant physiquement que mentalement. Nous réalisons que nous ne pouvons pas laisser cela comme tel : No nous a montré l'exemple, à nous de marcher sur ses pas. Ce récit est une véritable leçon d'humanité. La plume de Delphine de Vigan est riche. Dès les premières pages, j'ai été captivé par Bien que son phrasé est assez long, celui-ci est à la portée des plus jeunes comme des plus vieux. Le vocabulaire est simple pour faciliter la lecture des petits mais satisfait également les grands. Ce qu'il y a de merveilleux dans ce livre, c'est qu'il parle à tous. Il délivre un message suintant d'espoir et de générosité qui touche le lecteur. Une certaine justesse se dégage du roman, à croire que l'auteure a vécu les mêmes expériences de vie que No, la jeune SDF courageuse. Je ne sais pas ce qui m'a le plus remué : l'amitié brute et forte entre les deux jeunes filles ou l'évidence du message véhiculé à travers les pages ? Quoiqu'il en soit, cette lecture n'a pas ménagé mes émotions. Bouleversant. Nous nous trouvons démunis lorsque nous tournons la dernière page de No et moi. Même si vous déjà terminé le livre, vous ne pouvez pas passer à autre chose et l'oublier. En tout cas, c'est ce que ce livre a eu comme effet sur moi. Nous commençons le récit aux côtés de Lou. La première personne du singulier nous rapproche plus de Lou et lui donne une puissance évocatrice surprenante. No, fugace au départ, se dévoile au fur et mesure et nous découvrons une personnalité tendre. Tromper le Destin n'est pas facile. Mais alors le changer l'est encore plus. C'est ce qu'à fait Lou. D'ailleurs, celle-ci vit à Paris, dans un appartement, avec sa famille, son père et sa mère. Son père travaille beaucoup et sa mère est tombé dans une dépression. Autant dire que l'ambiance à la maison est aussi festive que l'adaptation de Eragon. Un jour, Lou demandera à ses parents s'ils peuvent aider une jeune femme qui s'est un peu perdue du chemin social - No. Ses parents acceptent et demandent à la rencontrer. Là, j'ai un peu tiqué. Non que la bonté des parents m'a choqué mais que leur décision soit aussi vite prise et sans réflexion. Je veux dire : c'est tout de même un nouveau membre de la famille qu'ils devront s'en occuper. ce n'est pas rien. De plus, ils ne l'ont jamais vue. Dans le même registre, parfois, les réactions de Lou sont inappropriés, insolites à la situation. Même si quelques fois ça surprend, cela donne une certaine fragilité à Lou qui ne l'a rend que plus attachante. Les personnages sont affectueux et d'un altruisme à en faire pâlir les plus narcissiques. Par contre, la fin m'a laissé perplexe. Plusieurs fins auraient pu être possibles et, comparé au reste du récit, les dernières pages étaient vides de sens et nous laisse en suspend, des questions sans réponse pleins la tête, dans l'espoir de trouver encore quelques pages qu'on avait ratées... Mais non. Delphine de Vigan a fait un choix assez particulier qui se défend. Je ris aussi je crois, je suis heureuse, là, tout de suite, dans l'engourdissement du sommeil, et si c'était ça le bonheur, pas même un rêve, pas même une promesse, juste l'instant. Moi, je m'en fous pas mal qu'il y ait plusieurs mondes dans le même monde et qu'il faille rester dans le sien. Je ne veux pas que mon monde soit un sous ensemble A qui ne possède aucune intersection avec d'autres (B,C ou D), que mon monde soir une patate étanche tracée sur une ardoise, un ensemble vide. Dans les livres il y a des chapitres pour bien séparer les moments, pour montrer que le temps passe ou que la situation évolue, et même parfois des parties avec des titres chargés de promesses, La rencontre, L'espoir, La chute, comme des tableaux. Mais dans la vie il n'y a rien, pas de titre, pas de pancarte, pas de panneau, rien qui indique attention danger, éboulements fréquents ou désillusion imminente. Dans la vie on est tout seul avec son costume, et tant pis s'il est tout déchiré. Delphine de Vigan est une grande auteure ayant cette rare capacité : la capacité de savoir toucher les gens au plus profond d'eux-mêmes et de les ébranler. No et moi est le genre d'histoire à donner un pincement au cœur même aux plus durs d'entre nous.
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Blogueur, écrivain en herbe à mes heures perdues, étudiant en langues anciennes, je m'appelle Antoine et vis en Belgique, entouré de tous mes précieux. Souvent plongé dans un livre pour voyager d'un monde à l'autre, il m'arrive parfois de dormir. Accompagné d'Oscar, mon poulpe, nous te souhaitons la bienvenue sur le blog.
Attention un livre sauvage apparaît ! Je bouquine...Cela pourrait vous plaire... Archives
Janvier 2017
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